Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Arbrissimo

Élagueur-grimpeur, paysagiste, jardinier, formateur, j'ai plus d'une corde à mon arc. Un métier physique mais aussi intellectuel, il faut connaître le monde végétal sur le bout des doigts. Ce blog a pour prétention de partager l'amour que j'ai pour la nature à l'aide d'une journaliste toute aussi passionnée, qui l'alimente.

Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.

Publié le 30 Décembre 2018 par DB-RBV

Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
C'est un phénomène mystérieux qui demeure inexpliqué. Les cimes de certaines espèces évitent volontairement de se toucher les unes les autres. Cette manifestation naturelle appelé "la couronne de timidité", est une singularité végétale par laquelle les arbres évitent de se toucher, et forment des labyrinthes de lumière.
La timidité est en botanique un phénomène d'allélopathie, par lequel, une centaine d'espèces selon le botaniste, biologiste et dendrologue francais Francis Hallé (2015) maintiennent entre eux, voire entre leurs propres branches maîtresses, une certaine distance, entre 10 et 50 cm, appelée "fente de timidité". Un phénomène similaire existe pour certaines essences (pas les mêmes) au niveau des racines.
L’allélopathie est l'ensemble de plusieurs interactions biochimiques directes ou indirectes, positives ou négatives, basées sur des substances allélochimiques qui interviennent dans la communication interspécifique et qui jouent un rôle important dans la compétition aux ressources environnementales que sont l’eau, la lumière et les substances nutritives ; dans l’armement chimique de défense des plantes contre leurs prédateurs, et dans la coopération intra- et interspécifique.
Qui aurait donc pu croire que des arbres pouvaient être farouches ? C’est en effet par l'adjectif "timide", que les scientifiques qualifient le comportement étrange et encore inexpliqué d’une centaine d’espèces d’arbres dont les cimes évitent soigneusement de se toucher, se préservant ainsi les unes des autres.
En arrêtant de pousser, les arbres créent des fentes de timidité de 10 à 80 centimètres qui les espacent et qui évitent ainsi aux branches de s’entremêler, créant de bien curieux jeux de lumière. Dans certaines forêts, les espacements entre les arbres peuvent être vus depuis la base de leurs troncs. Un tracé clair et irrégulier que l’on peine encore à expliquer.
Le mot vient de l'expression anglophone crown shyness (timidité des cimes) créée en Australie dans les années 1960, date des débuts des études autour de ce phénomène.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
La timidité la plus nette et la plus impressionnante est observable chez le camphrier.On ne rencontre ces fentes de timidité que chez certaines espèces d’arbres comme le palétuvier blanc ou le pin tordu, par exemple. D’après le botaniste amoureux des arbres Francis Hallé, on peut observer, en France, une timidité chez les pins parasol du cap d’Antibes et chez les chênes verts du midi. De toute évidence, les arbres savent s’ils ont ou non un voisin. Dans le cas contraire, ils ont tendance à pousser indéfiniment.
Bien que le comportement de ces arbres ne soit pas élucidé, quelques raisons ont tout de même pu être avancées par les spécialistes.
L'hypothèse d'échanges gazeux de phytohormones entre les feuilles des branches presque voisines a été avancée pour l'expliquer, mais n'a pas encore été suffisamment testée pour conclure. Chez certaines espèces, l'abrasion des bourgeons, feuilles et/ou rameaux à l'occasion des balancements de branches par le vent pourraient être en cause. Chez le pin Pinus contorta var. latifolia, les fentes de timidité sont associées à une inhibition du développement foliaire.
On ne rencontre des fentes de timidité que chez certaines essences (souvent des diptérocarpacées tropicales et en Europe chez les chênes verts et les pins parasols, mais il est rare que deux houppierss'interpénètrent complètement.
Ce comportement d'évitement pourrait être interprété comme une perte d'espace potentiellement utilisable par l'arbre, mais aussi comme un moyen de laisser la lumière mieux pénétrer la forêt, tout en apportant peut-être un avantage sélectif et évolutif face aux maladies contagieuses des arbres (phytopathologies) ou en cas de présence de parasites non volants ; les arbres "timides" étant alors moins susceptibles d'être contaminés malgré une répartition assez dense dans l'espace.
Garder cette distance de sécurité permettrait aussi de ralentir la propagation de larves, des insectes nuisibles et des parasites. Enfin, il est également probable que ces fentes de timidité soient maintenues afin de permettre d’optimiser l’exposition des cimes au soleil, et ainsi de maximiser le processus de photosynthèse .
L’étude des communautés végétales se nomme la phytosociologie. C’est une discipline à part entière qui permet de comprendre et d’analyser les comportements sociétaires et les relations spatio-temporelles des végétaux. On rencontre d’ailleurs une sorte de timidité dans les racines de certaines espèces d’arbres qui ne s’entremêlent pas eux non plus. Mais c'est encore une autre histoire...
 
© #RBV
#dbetrbv
https://www.instagram.com/radisdiferia
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher. Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Aphenphosmophobie, ou quand les arbres refusent de se toucher.
Commenter cet article